Les
Etats-Unis ont exhorté dimanche le président de la République démocratique du
Congo, Joseph Kabila, à quitter le pouvoir fin 2016 comme le prévoit la
Constitution congolaise, et ont annoncé une aide supplémentaire pour soutenir
l'organisation des élections à venir dans le pays.
M. Kabila
"a clairement en tête le fait que les Etats-Unis d'Amérique sont
intimement convaincus [...] que le processus constitutionnel doit être
respecté", a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry après avoir
rencontré le président congolais à Kinshasa.
"Je
n'ai aucun doute sur le fait que l'héritage du président Kabila sera défini par
les progrès qu'il a fait, en particulier l'année dernière, en vue de la
résolution de la question sécuritaire dans l'Est du pays, et sur le plan
économique", a dit le chef de la diplomatie américaine, faisant référence
à la victoire de l'armée congolaise sur les rebelles du Mouvement du 23 Mars
(M23) fin 2013, et à la stabilisation de l'économie nationale, notamment grâce
à une maîtrise de l'inflation.
M. Kabila
"est un homme jeune qui dispose encore d'un temps considérable pour
apporter sa contribution à son pays", a-t-il estimé.L'envoyé spécial
américain pour la région des Grands Lacs, Russell Feingold, a été encore plus
explicite. "Nous ne voulons pas" que M. Kabila change la Constitution
ou fasse un troisième mandat, a-t-il dit en réponse à une question de la
presse.
"Pas
besoin d'hommes forts, mais d'institutions fortes"
"L'Afrique
n'a pas besoin d'hommes forts, mais d'institutions fortes", a-t-il ajouté.
Agé de 42 ans, Joseph Kabila est arrivé au pouvoir en 2001 par voie
successorale après l'assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, qui avait
déposé par les armes le dictateur Mobutu Sese Seko en 1997. Elu chef de l'Etat
en 2006 à l'occasion des premières élections libres du Congo indépendant, M.
Kabila s'est maintenu à la présidence pour cinq années de plus en 2011 à
l'issue d'un scrutin contesté par l'opposition et la communauté internationale.
La Constitution
de la RDC interdit au président d'exercer plus de deux mandats d'affilée, mais
nombre d'opposants soupçonnent le clan présidentiel de vouloir modifier la loi
fondamentale pour permettre à M. Kabila de se maintenir au pouvoir. Plusieurs
diplomates et spécialistes du Congo estiment néanmoins que M. Kabila n'a pas
encore arrêté son choix sur la conduite à tenir en 2016, et que, à défaut de se
représenter, il envisage la possibilité de lâcher les rênes du pouvoir en ayant
obtenu de solides garanties sur son avenir.
A propos de
la présidentielle et des législatives de 2011, M. Feingold a reconnu que
"la communauté internationale ne s'était pas engagée suffisamment tôt
comme elle aurait dû" et qu'il ne fallait pas répéter cette erreur en vue
de 2016. En signe de l'"engagement" des Etats-Unis, M. Kerry a
annoncé le déblocage immédiat de "30 millions de dollars de financement
supplémentaires destinés à soutenir des élections transparentes et crédibles de
même que des programmes de reconstruction dans l'Est du Congo".
"Il va
sans dire, évidemment, que les échéances et le processus (électoral) doivent
être fixés et parfaitement définis, et le plus tôt sera le mieux", a
précisé M. Kerry, qui a eu une rencontre, au cours de sa visite avec des
responsables de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Chargée
d'organiser les élections, celle-ci a pour l'instant publié une feuille de
route fixant les grandes lignes de la tenue des divers scrutins devant conduire
à la présidentielle de 2016. Mais aucune date n'a été arrêtée précisément, et
les modalités mêmes de certaines élections font l'objet d'âpres débats
politiques.
"La
force militaire seule n'apportera pas la stabilité en RDC"
M. Kerry,
qui était arrivé samedi à Kinshasa en provenance d'Addis Abeba, est arrivé
dimanche en début d'après-midi à Luanda, dernière étape de sa première tournée
africaine depuis son arrivée à la tête du département d'Etat en février 2013. A
Kinshasa, il a également exhorté les autorités à poursuivre la pacification
dans l'Est du Congo, où sévissent encore plusieurs dizaines de groupes armés.
"La force militaire seule n'apportera pas la stabilité en RDC",
a-t-il néanmoins déclaré, insistant entre autres sur la nécessité de réussir le
processus de démobilisation et réinsertion des rebelles ayant déposé les armes.
Samedi, un
cadre du département d'Etat avait indiqué que Washington était prêt à soutenir
financièrement ce programme pour lequel Kinshasa a besoin de 100 millions de
dollars.
AFP

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