Indépendant
depuis à peine trois ans, le Soudan du Sud a entamé jeudi son sixième mois de
conflit. Une journée marquée par d'intenses combats.
C'est le
plus jeune pays du monde et c'est aussi celui qui connait l'une des plus graves
cirses. Selon l'ONG Oxfam, la crise au Soudan du Sud avait atteint un
"seuil critique" et qu'une famine "catastrophique" menaçait
désormais des millions de Sud-Soudanais, alors que la saison des pluies rend
une partie du pays difficilement accessible. Les autorités ont par ailleurs
annoncé que le choléra avait fait son apparition à Juba, la capitale.
Alors que le
pays entame son sixième mois de conflit, jeudi, d'intenses affrontements ont
été signalés dans l'État pétrolifère du Haut-Nil (Nord-Est), dont est extrait
la quasi-totalité du pétrole sud-soudanais, le conflit ayant entraîné la
fermeture de la plupart des puits de l'autre Etat pétrolifère, celui d'Unité
(Nord).
Le
porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, et son homologue de la
rébellion, Lul Ruai Koang, ont tous fait état de tirs d'artillerie et
d'intenses combats à Dolieb Hill, dans le sud du Haut-Nil, et dans la zone de
Renk, dans le nord de l'État.
Mais chaque
camp rejette la responsabilité des combats - qui violent l'"Accord visant
à résoudre la crise au Soudan du Sud", signé le 9 mai à Addis Abeba par le
président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar - sur l'autre
dont les troupes respectives s'affrontent depuis le 15 décembre.
"Nous
allons continuer à respecter strictement l'accord de paix, mais nous ne
permettrons pas que les rebelles profitent de ce cessez-le-feu pour continuer à
se déplacer et à attaquer nos positions", a déclaré le colonel Aguer.
Lul Ruai
Koang a accusé de son côté les troupes gouvernementales jeudi de
"bombardements incessants et intensifs" des positions rebelles à
Dolieb Hill et d'attaques "continuelles" autour de Renk, située au
nord des champs pétrolifères de Palouch, principal gisement encore en activité.
Famine et
choléra
Les
États-Unis ont appelé mercredi à un déploiement rapide d'observateurs de
l'Igad, organisation intergouvernementale est-africaine qui assure la médiation
dans le conflit sud-soudanais, afin de surveiller le respect du cessez-le-feu.
"La famine est imminente si ces combats ne s'arrêtent pas", a lancé
la secrétaire d'État adjointe pour l'Afrique, Linda Thomas-Greenfield.
Plus d'un
tiers de la population sud-soudanaise - 3,7 millions de personnes - est menacée
par la faim, selon l'ONU, qui estime qu'il n'existe qu'un "créneau très
étroit" pour éviter une famine.
Outre les
combats, les organisations humanitaires ont averti que la saison des pluies
allait singulièrement compliquer la distribution de l'aide. Mark Goldring,
directeur général d'Oxfam, a évoqué "une tâche titanesque" pour faire
parvenir l'aide "au pire moment de l'année".
"Soit
nous agissons tout de suite, soit des millions de personnes vont en payer le
prix", a-t-il estimé. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a
annoncé avoir "commencé à larguer par avion de grandes quantités de
vivres, de semences et d’autres articles de première nécessité".
Par
ailleurs, 19 premiers cas de choléra - dont un mortel - ont été enregistrés à
Djouba, où près de 32 000 personnes terrifiées, craignant d'être visées en
raison de leur appartenance ethnique, s'entassent dans deux bases de l'ONU dans
des conditions très difficiles.
"Si le
conflit continue, d'ici à la fin de l'année, la moitié des 12 millions de
Sud-Soudanais seront déplacés, réfugiés à l'étranger, affamés ou morts",
avait averti lundi soir le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
AFP
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