Karbal
Dandouni a été condamné vendredi soir par la cour d'assises de la Charente à 25
ans de réclusion pour l'assassinat en 2005 de son épouse Karima Benhellal,
disparue au Maroc, une affaire sans corps ni preuve matérielle.
A l'énoncé
du verdict, le condamné est resté de marbre. Ses proches ont crié à l'injustice
tandis qu'un frère cadet de la victime rétorquait "Où est ma soeur?".
Cette peine
est conforme aux réquisitions de l'avocat général, Patrice Camberou.
Karbal
Dandouni, un homme arrivé dans les années 1990 en France et originaire de
Casablanca, qui avait épousé la victime en 1998, a clamé son innocence tout au
long du procès qui s'est ouvert lundi, assurant que Karima l'accompagnait
pendant le voyage de retour du Maroc, fin août 2005, et qu'elle lui avait
subitement fait faux bond à Bordeaux.
L'aide-documentaliste
au visage doux n'avait plus donné de signe de vie à une exception près, selon
l'accusé qui a dit l'avoir aperçue sur le parking de son immeuble, à Soyaux, en
périphérie d'Angoulême, "avec deux costauds", soi-disant pour vider
son appartement.
L'avocat
général Patrice Cambérou avait battu en brèche cette version ne voyant que
"mensonges" et "incohérences" dans son récit du séjour.
Selon l'accusé, Karima est partie à peine le couple débarqué à Tanger, l'a eu
au téléphone et l'a retrouvé à la douane pour rentrer en France.
"Tout
est organisé de façon millimétrée et intelligente: l'aller avec Karima, le
retour sans Karima", a affirmé au contraire l'avocat général.
Karbal
Dandouni, aujourd'hui âgé de 41 ans aurait fait miroiter à Karima, 38 ans au
moment des faits et ne pouvant avoir d'enfants, la possibilité de rentrer en
France avec le bébé que lui avait donné Rabia Diani, sa seconde femme
marocaine, épousée en 2003. Mais il est rentré sans elle, et en compagnie de
Rabia, selon plusieurs proches, qui interrogés à l'audience ont dit ne plus se
souvenir de ce voyage.
Entre Tanger
et Casablanca
Rabia Diani,
qui aurait pu être un témoin clef pour l'accusation, n'a elle livré aucun
élément qui puisse éclairer la cour.
"La
vérité, c’est que je suis entrée en Espagne avec l’aide d’un passeur",
a-t-elle assuré mercredi. Sur la vidéo d'une confrontation enregistrée dans le
bureau de la juge d'instruction, diffusée à l'audience, elle affirmait pourtant
le contraire à trois reprises: "Je suis rentrée en France avec mon fils et
mon mari".
Dans cette
affaire sans corps ni aveux, l'avocat général a situé l'assassinat "dans
un laps de huit heures pendant lesquelles Karima a subi le pire" entre
l'accostage à Tanger et l'arrivée tardive de Karbal Dandouni au domicile
familial, à Casablanca.
Parmi les
éléments à charge, il a mentionné des retraits sur le compte de la victime
interrompus début août 2005 pour cause de découvert, le jour où Karbal Dandouni
retire à nouveau de l'argent sur son propre compte.
Longuement
interrogé jeudi soir, il a une nouvelle fois assuré que Karima Benhellal avait
filé à la gare de Bordeaux sur le trajet du retour. Mais "aucune trace n'a
été trouvée à Bordeaux, on a été jusqu'à chercher dans les réseaux de
prostitution", a noté l'avocat général non sans s'excuser auprès de la
famille de ces recherches visant à écarter l'hypothèse d'une disparition
volontaire.
Le magistrat
a loué au passage une enquête minutieuse, quoique tardive, diligentée en 2007
et menée jusque dans les faubourgs de Casablanca: "J'ai rarement vu un
procureur de la République, mon prédécesseur à Angoulême, un juge
d'instruction, se déplacer avec les OPJ (officiers de police judiciaire, ndlr)
pour des recherches dans les prisons, les hôpitaux", a-t-il ajouté.
Les avocats
de la défense, Mes Zouhir Beaiz et Rachid Rahmani ont eux plaidé l'acquittement
vu le dossier "vide, sans preuve", de l'accusation. Le premier a
ainsi souligné que la piste d'une disparition volontaire n'avait pas été
suffisamment explorée. "On lui conseillera de faire appel", a déclaré
Me Rachid Rahmania après le verdict, se refusant à tout autre commentaire.
Un frère
cadet de Karima, a lui regretté de ne toujours pas savoir où la trouver, même
morte.

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