Le président
malien Ibrahim Boubacar Keïta a nommé les membres du gouvernement dirigé par le
nouveau Premier ministre Moussa Mara, une équipe resserrée dont l'une des
principales tâches sera la poursuite d'une réconciliation nationale qui n'a
guère avancé.
La nouvelle
équipe gouvernementale, annoncée dans un décret présidentiel publié vendredi
soir, est formée de 31 ministres contre 35 dans la précédente. Elle n'est pas
marquée par des changements majeurs dans sa composition.
L'un des
faits marquants est néanmoins l'arrivée à la tête du ministère de la
Réconciliation nationale de Zahabi Ould Sidy Mohamed, un Arabe natif de
Tombouctou (nord-ouest du Mali) dont la nomination vise, selon des
observateurs, à relancer ce dossier.
M. Ould Sidy
Mohamed, chef de la diplomatie malienne dans la précédente équipe, est un
ancien dirigeant d'un mouvement rebelle du nord du Mali dans les années 90.
Cet ex
fonctionnaire des Nations unies est réputé influent et bien introduit dans les
milieux touareg et arabes du Nord du Mali, une région qui a connu plusieurs
rebellions touareg depuis l'indépendance de cette ancienne colonie française en
1960.
Cheick Oumar
Diarrah quitte le gouvernement
Avant
l'élection de M. Keïta en août 2013 qui a scellé le retour à l'ordre
constitutionnel, le Mali avait été occupé depuis le printemps 2012 par des
jihadistes armés, une occupation qui avait été précédée par une offensive
touareg suivie d'un coup d'Etat.
A la suite
d'une intervention internationale dirigée par la France à partir de janvier 2013
et toujours en cours, les jihadistes ont été chassés des grandes villes du Nord
qu'ils occupaient.
Mais ils
demeurent toujours actifs dans ces vastes zones, où ils commettent des attaques
meurtrières à intervalles réguliers tandis que des tensions persistent avec la
communauté touareg.
Le nouveau
ministre, M. Ould Sidy Mohamed, remplace Cheick Oumar Diarrah qui dirigeait
l'ancien ministère chargé de la Réconciliation nationale et du développement
des régions du Nord.
M. Diarrah,
un proche du président Keïta, quitte le gouvernement alors que le dossier n'a
pas beaucoup avancé.
Le ministre
français de la Défense Jean-Yves Le Drian a estimé, dans une récente interview
à Jeune Afrique, que le processus de réconciliation nationale au Mali
"n'avance pas très vite".
Décentraliser
pour renforcer la paix
Un autre
changement important dans le nouveau gouvernement et qui va dans le même sens
est l'arrivée de Ousmane Sy à la tête du ministère de la Décentralisation.
M. Sy,
expert dans ce domaine, a dirigé ce département sous le régime du président
Alpha Konaré (2002-2012).
Sa présence
dans le nouveau cabinet vise, selon des observateurs, à promouvoir la
décentralisation, en plus de la réconciliation nationale, en faveur de la paix
dans le nord du Mali.
Le nouveau
Premier ministre, Moussa Mara, avait affirmé après sa nomination le 5 avril,
que la réconciliation était prioritaire car "il nous faut recoudre le
tissu social qui a été particulièrement traumatisé par les troubles des années
précédentes".
Dans ce
nouveau gouvernement de M. Mara qui compte huit femmes, huit personnalités font
leur entrée tandis que huit autres ont été remplacées.
Mohamed Ali
Bathily et Soumeylou Boubeye Maïga maintenus
Parmi les
principaux reconduits, figurent Mohamed Ali Bathily (Justice), Soumeylou
Boubèye Maïga (Défense), Sada Samaké (Intérieur et Sécurité) et Mme Bouaré Fily
Sissoko (Economie et Finances).
D'autres
ministres ont été remerciés, dont Moussa Sinko Coulibaly, qui fut ministre
durant la transition et avait été reconduit dans le gouvernement comme ministre
de l'Administration territoriale après l'élection du président Ibrahim Boubacar
Keïta.
La formation
de ce nouveau gouvernement a eu lieu six jours après la nomination de Moussa
Mara pour remplacer Oumar Tatam Ly, qui fut chef de gouvernement pendant un peu
plus de sept mois.
Dans sa
lettre de démission dont l'AFP a obtenu une copie, M. Ly évoquait des
"dysfonctionnements" et "insuffisances (...) dans la marche du
gouvernement" qui réduisaient sa capacité d'action. APP

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