La Misca
(force africaine) a officiellement déclaré la guerre aux milices anti-balaka :
elles sont désormais considérées "comme des ennemis", a déclaré
mercredi le général Jean-Marie Michel Mokoko.
"Désormais,
nous considérons les anti-balaka comme des ennemis de la Misca. Et nous les
traiterons en conséquence". Mercredi 26 mars dans un entretien à la radio
privée centrafricaine Radio Ndeke Luka, le chef de la Misca, le général
congolais Jean-Marie Michel Mokoko a été très clair.
"Ils se
permettent de tirer sur des gens qui sont venus ici pour essayer de mettre un
terme à cette crise au bénéfice du peuple centrafricain dont ils font
partie", a poursuivi le général, ajoutant : "nous les tenons pour
responsables des attaques ciblées qui ont visé nos éléments ces derniers
jours".
Cette
annonce, qui équivaut à une déclaration de guerre, est la conséquence directe
du regain de violences constaté ces derniers jours à Bangui, où une vingtaine
de personnes ont été tués.
Samedi et
dimanche, des affrontements ont éclaté au PK-5 entre des groupes armés,
opposant notamment des anti-balaka et des pillards à des musulmans encore
retranchés dans ce secteur. Et dans la nuit de mardi à mercredi, des tirs
sporadiques ont été entendus dans des secteurs de la ville où sont installés
des anti-balaka, qui ont par ailleurs érigé des barricades sur certaines
artères de la ville, perturbant la circulation.
Actes de
destabilisation
Près d'un an après le coup d'État du 24 mars 2013 et plus de deux
mois après le départ du chef de la Séléka, Michel Djotodia, les forces
internationales ont donc un nouvel ennemi : des milices d'autodéfense peu à peu
récupérées politiquement et dont une partie mène aujourd'hui régulièrement des
actes de déstabilisation reproduisant par endroit les méfaits de la Séléka.
L'approche
du gouvernement lui a valu d'être accusé de collusion avec les milices.
Cette faction
- bien équipée, composée notamment d'officiers des Forces armées
centrafricaines et d'ex-membres de la garde présidentielle -, a pour
coordonnateur politique Pierre-Édouard Ngaïssona, 46 ans. Président de la
Fédération centrafricaine de football (FCF) et ancien ministre de François
Bozizé, Ngaissona est aujourd'hui en fuite.
Face à cette
menace, les autorités centrafricaines, démunies de moyens financiers et
militaires, tentent l'apaisement. Plusieurs leaders anti-balaka ont ainsi été
nommés à des postes de responsabilités, comme le capitaine Joackim Kokaté
(ministre Conseiller à la primature en charge du DDR, Désarmement,
démobilisation, réinsertion), ou le commandant Charles Ngremangou (directeur de
cabinet du ministre de la Défense). Ce dernier serait un collaborateur de
longue date de Jean-Françis Bozizé, le fils de l'ancien président centrafricain,
soupçonné par la France de manipuler les anti-balaka.
Une approche
contestée par certains observateurs et qui a valu au gouvernement d'être accusé
de collusion avec ces milices. "Comment expliquer que l'arrestation de
Ngaïssona [un temps annoncée par la Misca, NDLR], tarde tant ? Ou que la petite
dizaine de leaders anti-balaka arrêtés en février se soient si facilement
évadés de la prison de Ngaragba ?", s'interroge un diplomate africain.AFP
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